jeudi 21 juillet 2011

Le Jardin des Plantes de Montpellier au Siècle des Lumières

EXPOSITION PRIMAVERA 2010

Le Jardin des Plantes de Montpellier au Siècle des Lumières

Par Caroline Millot
Docteur en histoire de l'art


Pour citer cet article :

Référence électronique
Caroline Millot, « Le jardin des Plantes de Montpellier au Siècle des Lumières », association Mareschal, Catalogue n°1, catalogue de l'exposition du 21 mars 2010, mars 2010.

Cette 7e édition de l'exposition de plantes rares « Primavera » fut une occasion de commémorer l'histoire du Jardin des Plantes de Montpellier. Au travers de l'œuvre de l'ingénieur Jacques-Philippe Mareschal (1689-1778), l'association Mareschal retraça le dimanche 21 mars 2010 la mémoire d'un jardin qui a encore toute son importance dans la ville en mouvement. Comment traduire et capter l'essence d'un jardin au XVIIIe siècle, grâce à un document iconographique conservé en archives ? Dans le parterre « à la française » situé face à l'entrée du Jardin des Plantes, l'association Mareschal valorisa le patrimoine architectural du Jardin des Plantes de Montpellier d'une manière nouvelle. Des reproductions d'un plan de 1743 de l'ingénieur parisien représentant le Jardin des Plantes de Montpellier au siècle des Lumières furent proposées au tout public. Les plans et textes provenaient des archives de l'inspection et du génie de Vincennes & de la Bibliothèque nationale. Des notions biographiques concernant l'ingénieur et architecte Jacques-Philippe Mareschal, auteur des Jardins de la Fontaine à Nîmes, furent également exposées. Le jardin se définit, en ce temps, comme un lieu artistement planté & cultivé, soit pour nos besoins, soit pour nos plaisirs.

Jacques-Philippe Mareschal et le Jardin des Plantes de Montpellier
Celui dont l'association emprunte le nom est né en 1689 à Paris et c'est à Montpellier qu'il a terminé sa vie en juin 1778. Sa carrière est ponctuée de deux grandes périodes correspondant à deux régions très éloignées. Jacques-Philippe Mareschal passa sa jeunesse en Alsace de 1710 à 1738 et sa maturité en Languedoc de 1738 à 1778. Sa fonction militaire l'a obligé à fournir des correspondances annuelles officielles et confidentielles qui permettent de comprendre l'évolution des seize places fortes du Languedoc telles que Narbonne, Sète, Montpellier, Nîmes, ou encore Carcassonne. A l'image de Jean-Antoine Giral, il est une figure de l'architecture dans la province de Languedoc du milieu du XVIIIe siècle. Mareschal a annuellement mesuré et cartographié les villes avec une équipe d'ingénieurs sous ses ordres ou alors en formation. La description écrite qu'il donne de ce jardin en 1752 est bien plus sévère que la facture de ses plans réalisés au lavis : Les principales promenades de Montpellier ne sont pas brillantes, mais elles sont agréables. Celle du Peyrou qui touche à la porte de ce nom tient le premier rang par son élévation sur un plateau qui donne une découverte fort étendue et un air plus pur, que partout ailleurs. Au dessous et près du Peyrou, est le Jardin du roi ou l'on cultive toutes sortes de plantes étrangères dont un professeur fait la démonstration : C'est une seconde promenade, mais sans ornement et sans goût.

Médecins & ingénieurs
A cette même époque, Pierre Cusson est démonstrateur de botanique au Jardin des Plantes, mais il ne publia jamais ses travaux sur les ombellifères. Il est à noter que le Jardin des Plantes de Montpellier, créé en 1593, va sensiblement évoluer au  long du  XVIIIe  siècle. Appelé Jardin du Roi, cet outil scientifique est constitué de trois parties distinctes que l'on observe sur le plan de Mareschal, conservé aux archives de l'inspection et du Génie de Vincennes. Ce plan de 1743 de l'ingénieur  parisien, pièce-maîtresse de cette exposition représente le jardin royal de la capitale provinciale au  siècle des Lumières.



Jacques-Philippe Mareschal, Plan de la ville et de la citadelle de Montpellier, 1743, Archives de l'inspection et du Génie 1 VH 1264, pièce 20, Vincennes.
A cette même période, la médecine a fortement contribué à la renommée de la ville de Montpellier. Pendant que les médecins se penchent sur le classement des formes d'insalubrité, les ingénieurs vont tenter de maîtriser l'espace urbain. A Montpellier, au XVIIIe siècle, on constate que les ingénieurs, les géographes, les hydrographes, les architectes, les médecins, les botanistes ou encore les physiciens partagent leurs connaissances sur la nature, la ville et leurs plaisirs. La médecine était définie, selon l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, comme « l'art d'appliquer des remèdes dont l'effet conserve la vie saine, & redonne de la santé au malade. Ainsi la vie, la santé, les maladies, la mort de l'homme, les causes qui les produisent, les moyens qui les dirigent sont l'objet de la médecine ». La définition se poursuit ainsi :
« Les premiers fondements de cet art sont dûs :  1°. au hasard
                                                                            2°. A l'instinct naturel
                                                                            3°. Aux événements imprévus
Voilà ce qui fit d'abord naître la Médecine simplement empirique. »

Du temps que certains s'attachaient à l'embellissement des villes, d'autres confiaient des définitions pour le grand ouvrage collectif qu'est l'Encyclopédie. Par exemple Jacques Montet communique celle du vert de gris dont les ingénieurs se servaient pour la réalisation des lavis. Il est à noter que Mareschal , au même moment en 1752, fournissait également une définition du vert de gris dans un mémoire sur la ville de Montpellier, conservé à la Bibliothèque nationale. Jacques Proust, en 1968, avait souligné que la plupart des encyclopédistes languedociens se révélaient être membres de la Société Royale des Sciences de Montpellier. L'ingénieur Mareschal ne semble pas compter parmi eux.
La partie moyenne ou montagne et la partie septentrionale ou l'école d'application complètent le Jardin des Plantes et forment la promenade publique qui a gardé son ancien nom de Jardin du Roi.
THOMAS Eugène, Montpellier, 1857


Par ce projet, l'association Mareschal a tenté de valoriser des documents d'archives de référence tout en passant par la découverte d'un espace connu par tous les habitants de la ville, de Montpellier, qui aiment flânocher ou se promener. Une enquête a été menée autour d'un plan de 1743. Les traductions et thèses qui ont été autorisées amènent le lecteur à une synthèse de recherche fragmentaire autour du Jardin des Plantes au Siècle des Lumières. La diffusion des arts et des idées d'un Montpellier d'antan est ainsi brossée, d'une manière succincte, montrant les acteurs principaux qui ont permis à ce Jardin des Plantes d'asseoir la notoriété dont il disposait auparavant. Pour les gens privilégiés du XVIIIe siècle, la vie intellectuelle se développait ainsi, souvent au travers des sociétés royales, dans un contexte encyclopédique qui s'éveillait.


REMERCIEMENTS
Je remercie vivement la direction du Jardin des Plantes et tout le personnel du Jardin des Plantes de Montpellier pour l’accueil favorable qui fut donné à ce projet culturel. Cette manifestation est chaque année un plus affinée, et pour le public montpellierain, elle reste un rendez-vous annuel à ne pas manquer.

Aussi, la mairie de Montpellier a soutenu notre initiative en  subventionnant cette première et modeste exposition. Je n'oublierai pas de remercier le Service Historique de la Défense (SHD), qui nous a gracieusement permis, pour l'occasion, de reproduire le plan de 1743 de l'ingénieur Jacques-Philippe Mareschal.

Affiche Primavera 2010


Primavera, Stand de l'association Mareschal (n°37),
Jardin des plantes de Montpellier, association Mareschal, mars 2010.

Accrochage de l'exposition le Jardin des Plantes de Montpellier au Siècle des Lumières,
 Jardin des plantes de Montpellier, Caroline Millot, association Mareschal, mars 2010.


Conception graphique et texte : Caroline Millot
Crédits photographiques : association Mareschal, Caroline Millot
Relecture : Anaïs Carvalho (doctorante en histoire de l'art) et Anaïs Fagotti (graphiste)
Technicien : Bastian Richard
Auteur du catalogue d'exposition : Caroline Millot - Mars 2010






           



                                             

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