VISITE GUIDEE
Les jardins de la Fontaine, à Nîmes, de Jacques-Philippe Mareschal : un héritage bousculé par le progrès des arts au XVIIIe siècle.
Par Caroline Millot
Docteur en histoire de l'art
Pour citer cet article :
Caroline Millot, « Jacques-Philippe Mareschal ingénieur du roi et architecte au XVIIIe siècle » dans Carnets de la recherche, Regards sur le patrimoine, Edition de l'Espérou, tome 2, Montpellier, 2008, p. 51 à 75.
Ainsi que nous faisons pour la ville de Montpellier, l'association Mareschal se réserve avec grand plaisir des temps de visites dans la ville antique de Nîmes. Les visites sont assurées par Caroline Millot, docteur en histoire de l'art de l'Université de Paris I et directrice des projets de l'association Mareschal. Le sujet de master 2 de Caroline Millot, sous la direction du Professeur d'histoire moderne Michèle-Caroline Heck (Université Montpellier 3) s'est tout naturellement porté sur l'activité de Jacques-Philippe Mareschal à Nîmes au XVIIIe siècle. Ensuite, les travaux d'investigation menés en thèse de doctorat (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Centre Ledoux) sont venus consolider les précédentes recherches. Fruit de cinq années de travail consacré en partie sur ces jardins, la visite se déguste tel un fruit à point mûr encore fraichement cueilli.
Sculpture de Diane, Jardins de la Fontaine, Nîmes, cliché Caroline Millot, 2008. |
Plan de l'agrandissement de la ville de Nîmes, Jacques-Philippe Mareschal, Archives départementales C 4040, cliché Caroline Millot, 2007. |
Vers 1980, l'historienne Anne Blanchard a mis en avant l'importante carrière de Mareschal, dans Les ingénieurs du roi de Louis XIV à Louis XVI et le Dictionnaire des ingénieurs militaires 1691-1791. La longue profession de cet ingénieur, ponctuée d'une quinzaine de réalisations, restait encore mal connue ou succinctement abordée dans les ouvrages édités. La carrière de Jacques-Philippe Mareschal, couvrant soixante-dix années fut longue, riche et variée. Il travailla au service de trois rois : Louis XIV, principalement Louis XV et dans une moindre mesure pour le roi Louis XVI, à qui il ne présenta qu'un plan actuellement recensé. Les productions architecturales et graphiques de Jacques-Philippe Mareschal s'étendent sur les parties est et sud de la France actuelle. La majorité des édifices construits par ce dernier ingénieur est encore en élévation à ce jour, et la moitié est classée « Monument Historique ». Ce jardin en est un bel exemple.
Le spécialiste de l'architecture romaine Pierre Gros souligne : L'histoire de la découverte, de la fouille et de l 'aménagement de très beau site, entre 1738 et 1745, est exemplaire, tant par ses contradictions que par son résultat, des difficultés auxquelles se heurte l'intégration des vestiges antiques dans l'ordonnance monumentale d'une cité active, mais traditionnellement soucieuse de mettre en valeur son patrimoine archéologique. Selon l'état de cette recherche, Jacques-Philippe Mareschal exécuta une dizaine de plans environ, entre 1741 et 1774, pour la construction des Jardins de la Fontaine de Nîmes. Espace totalement recréé, ces jardins traduisent la conception de son créateur. La fouille du site, autour de la source vauclusienne dédiée à Nemausus, divinité topique, commença en 1738, en même temps que les fouilles d'Herculanum. A cette époque où les objets d'art intéressent principalement les amateurs d'art, la structure architecturale et hydraulique antique retient l'attention du directeur des fortifications Mareschal. En effet, il s'affiche, selon les récentes recherches menées, comme un antiquaire et ce selon la définition qu'en donnaient les personnages des Lumières. De nombreuses interrogations sur la construction des Jardins de la Fontaine sont soulevées. A Nîmes, les fouilles ont livré de multiples objets et sculptures. Cependant, que faire de la structure imposante alimentant anciennement la ville en eau ? L'ingénieur et le directeur des travaux publics de la province Mareschal a-t-il su trouver des moyens efficaces pour éviter la dégradation des vestiges antiques nîmois ? Ces Jardins s'intégraient dans un programme urbain d'alignement s'étalant jusqu'à l'actuel boulevard de la République, comme l'indiquent les plans de Mareschal de 1744, 1747 et de 1774. Initialement prévus, les terrassements, les lanternes, les pavillons et la mise en valeur de l'amphithéâtre n'ont cependant pas été effectués.
Précurseur, en matière restauration, Mareschal proposa ainsi une présentation respectant la disposition hydraulique d'origine romaine. Il se révèle connaisseur en architecture romaine, mettant en valeur les vestiges de l'ancien sanctuaire augustéen. Il apparaît après analyse que le directeur des fortifications de Languedoc a effectué une restauration en accord avec la définition de son temps, c'est à dire avec des ajouts considérables. Il est entendu que ces jardins ne sont pas une restauration, dans le sens moderne où on l'entend aujourd'hui. Dégageant les structures hydrauliques romaines, il les a réutilisées, en les renforçant et les a agrémentées d'ornementations : sculptures, plantations... Incontestable oeuvre de style Louis XV, les Jardins de la Fontaine évoquent une notion de conservation des antiques et repose sur un concept de « monument historique » à l'heure où ce label n'existait pas. Depuis 1840, ces jardins sont classés « Monuments Historiques », la commission ayant été créée en 1937. Le jardin porte également le label de « Jardin remarquable ». Les récits de voyages, les plans de l'ingénieur Mareschal et autres apports historiques servent de support à la visite, en sus du paysage de verdure qu'offrent ces jardins français.
Le spécialiste de l'architecture romaine Pierre Gros souligne : L'histoire de la découverte, de la fouille et de l 'aménagement de très beau site, entre 1738 et 1745, est exemplaire, tant par ses contradictions que par son résultat, des difficultés auxquelles se heurte l'intégration des vestiges antiques dans l'ordonnance monumentale d'une cité active, mais traditionnellement soucieuse de mettre en valeur son patrimoine archéologique. Selon l'état de cette recherche, Jacques-Philippe Mareschal exécuta une dizaine de plans environ, entre 1741 et 1774, pour la construction des Jardins de la Fontaine de Nîmes. Espace totalement recréé, ces jardins traduisent la conception de son créateur. La fouille du site, autour de la source vauclusienne dédiée à Nemausus, divinité topique, commença en 1738, en même temps que les fouilles d'Herculanum. A cette époque où les objets d'art intéressent principalement les amateurs d'art, la structure architecturale et hydraulique antique retient l'attention du directeur des fortifications Mareschal. En effet, il s'affiche, selon les récentes recherches menées, comme un antiquaire et ce selon la définition qu'en donnaient les personnages des Lumières. De nombreuses interrogations sur la construction des Jardins de la Fontaine sont soulevées. A Nîmes, les fouilles ont livré de multiples objets et sculptures. Cependant, que faire de la structure imposante alimentant anciennement la ville en eau ? L'ingénieur et le directeur des travaux publics de la province Mareschal a-t-il su trouver des moyens efficaces pour éviter la dégradation des vestiges antiques nîmois ? Ces Jardins s'intégraient dans un programme urbain d'alignement s'étalant jusqu'à l'actuel boulevard de la République, comme l'indiquent les plans de Mareschal de 1744, 1747 et de 1774. Initialement prévus, les terrassements, les lanternes, les pavillons et la mise en valeur de l'amphithéâtre n'ont cependant pas été effectués.
Structures antiques mises au jour au XVIIIe siècle, Restauration, Jacques-Philippe Mareschal, cliché Caroline Millot, 2007. |
Les carnets de croquis, à consommer sans modération, sont conseillés lors des visites.
Pour toute demande de visite des Jardins de la Fontaine,
s'adresser à Caroline Millot
asso.mareschal@gmail.com
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